mercredi 10 avril 2013

Les Miséreux du Muséum

Il y a un peu plus d'un an, j'ai assisté à une conférence sur la taxidermie à la Grande Galerie de l’Évolution, quelques animaux naturalisés y étaient exposées. Habituellement, ils ont des attitudes qui se veulent proches de la réalité : les écureuils ont l'air de se battre, la corneille de croasser, le lynx et le rapace d'épier. Honnêtement, à défaut de pouvoir observer de visu un animal dans son environnement, je préfère regarder des photos ou des images vidéo. Parce qu'en fait, malgré les apparences, il ne reste pratiquement rien de la bête originelle. Tous les tissus mous ainsi que le squelette ont été enlevés et remplacés par différents matériaux de rembourrage suivant la forme et la taille de l'animal ; les yeux sont en verre ; les dents et la langue sont également fausses. Et pour les oiseaux, même les pattes sont des imitations... Bon, après avoir enlevé tout ça, il ne reste vraiment plus grand chose à se mettre sous la dent... Sans parler de toutes ces mises en scènes qui se veulent naturalistes et qui ne sont, en fait, que le fruit de la main et de l'imagination de l'homme.



Ici, nous voyons, à droite du photomontage, une corneille parfaitement morte, même si elle n'en a pas l'air. Eh bien, voici à quoi ressemble une corneille réellement morte. Cette dernière je l'ai photographiée l'été dernier au Jardin des Tuileries. Je préfère regarder la mort en face : "Memento Mori" !



Naturaliser un animal est quelque-chose de long qui demande le talent d'un sculpteur et de sérieuses connaissances sur la faune sauvage. Certaine personnes sont douées pour préparer les oiseaux et d'autres davantage pour les mammifères, chacun sa spécialité donc. Là je répète comme un âne ce que j'ai entendu là-bas...

Mais, ce que l'on ne nous montre généralement pas et qui m'a davantage amusée, c'est ça !




Le loup présent sur deux photos a un look assez déjanté, il faut bien l'avouer, Il ferait bien rigoler le petit chaperon rouge ! Malgré les apparences, il n'est pas en séance d'acuponcture, les nombreuses épingles qui truffent son museau sont là pour que la peau ne se rétracte pas. Interdiction désormais de retrousser les babines ! Ses oreilles sont, quant à elles, remplies d'une sorte de pâte à modeler maintenue bien en place par des pinces à linges, pour qu'elles ne finissent pas par ressembler à des oreilles de souris ! Il me fait penser, ainsi, aux américaines des films des années cinquantes avec leurs bigoudis sur la tête et leur masque de beauté sur le visage, plutôt qu'au grand méchant loup ! 

Les deux autres animaux ne sont pas des mutants de Tchernobyl, mais un singe tamarin lion et un ara. Pourtant, me direz-vous, le tamarin n'est-il pas ordinairement un joli petit singe roux avec un épais pelage et une belle crinière, et le ara un oiseau avec un incomparable plumage coloré ? Si, sauf que ces deux individus ont subi les ravages d'insectes particulièrement voraces. Les coupables sont principalement les Anthrènes des Musées (Anthrenus museorum), de minuscules coléoptères, dont les larves sont capables de plumer et tondre les animaux naturalisés, en un rien de temps. Elles sont tellement gloutonnes qu'elles s'attaquent également aux collections d'insectes et aux herbiers qu'elles transforment en tas de poussière, si l'on n'y prend garde ! Mais, dans le cas présent, au risque de provoquer, je trouve que les bestioles en question ont fait preuve d'un certain talent artistique, ce petit tamarin nu comme un ver, a ainsi une présence charismatique indéniable ! Il ressemble à s'y méprendre à Gollum, une des créatures imaginée par Tolkien dans le Seigneur des Anneaux !





1 commentaire:

  1. C'est vrai que la ressemblance avec Gollum est stupéfiante! :-) Alors si je comprends bien, même une fois empaillé, taxidermisé, formolé jusqu'au au fin fond de son oeil de verre, on risque encore la décomposition? La nature est impitoyable!
    Merci pour ce post instructif Colochat ;-)

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