lundi 22 avril 2013

Les zozios du Luco : les pigeons

Aaah ! se promener nez au vent dans le Jardin du Luxembourg, c'est un plaisir goûté par beaucoup de parisiens, une fois les beaux jours revenus. C'est Marie de Médicis, reine de France et mère du futur Louis XIII qui fut à l'origine de sa création, il y a plus de quatre-cents ans.

Jardin et Palais du Luxembourg, Paris.

Évidemment il faut respecter les horaires d'ouvertures, car si vous avez le malheur de vous attarder un peu trop en soirée, par exemple devant l'imposante fontaine Médicis, à rêver à la jeune fille de Gérard de Nerval ou aux amours débutantes de Marius et Causette, de stridents coups de sifflets se chargeront de vous faire quitter votre orbitale poétique pour vous faire courir, ventre à terre, vers la sortie la plus proche, si vous voulez éviter l'explosion tympanique ! 

Fontaine Médicis sous la neige, Jardin du Luxembourg, Paris.

Pourtant, il existe bien des résidents permanents au Jardin du Luxembourg. Non, ce privilège n'est pas accordé au président du sénat, qui doit se contenter, lui, du Petit Luxembourg, hôtel particulier attenant au palais du Luxembourg et de son jardin privé, pauvre indigent !
Mais alors qui sont ces ultra privilégiés, dignes du rang de Marie de Médicis ??? Pour les rencontrer, il suffit de lever la tête, où de regarder par terre, il s'agit des... oiseaux qui y nichent, et en particulier des nombreux pigeons que l'on y rencontre. Je vais donc consacrer ce message entièrement au pigeons du Jardin du Luxembourg, le suivant concernera les autres oiseaux que j'y ai rencontrés. Les photos ont été prises du 17 au 21 avril 2013 grâce à mon Compact Lumix couleur chocolat.

Les Conservateurs

Le pigeon ramier (Columba palumbus)

Parmi les conservateurs, je classe les pigeons ramier, qui sont tous absolument identiques, le respect des traditions avant toute chose ! Impossible de les distinguer des uns des autres ; sans exception, ils présentent les caractères physiques typiques de l'espèce : le plumage gris-bleuté avec deux taches blanches de part et d'autre du cou, les ailes bordées de blanc, le poitrail rosé, le bec jaune et l’œil gris clair. Ils se promènent allant leur train de sénateur, la tête haute, le torse bombé, et la bedaine bien ballonnée. Les prendre en photo devient assez vite ennuyeux, pourtant ils savent prendre la pause avec leur port de tête aristocratique, mais quand on en a photographié un, on les a tous photographiés...


Pigeon ramier sur un perchoir de luxe

Pigeon ramier au centre entouré de deux pigeons biset

C'est qui le plus beau ? Moi, moi, moi le pigeon ramier !

Ceux que j'ai pu observer présentaient pour beaucoup un embonpoint certain. Ils vont devoir apprendre à calculer leur IMC, malgré leur cervelle d'oiseau, et à arrêter de se gaver tels des oies, de pain à longueur de journée ! Sinon une seule solution, l'anneau jabotique !

Gavage de ramier, gloups !

Le pigeon biset bleu barré (Columba livia)


Les autres traditionalistes se rencontrent chez les pigeons biset dans un tiers des cas, il s'agit du morphotype sauvage caractérisé par un plumage gris-bleuté plus clair sur le dos agrémenté de deux lignes noires sur les ailes et d'irisations vertes et violettes sur le cou ; son œil est orange vif. Cette couleur est appelée le bleu barré comme chez le beau Barnabé. 

Barnabé le biset bleu barré


Biset bleu barré ébouriffé

Quatre biset typiques

Les réformateurs 

Chez le pigeon biset il existe, en dehors du type sauvage pré-décrit, une incroyable variété de couleurs et de motifs obtenus par mutation du type biset bleu barré. Deux pigments sont à l'origine de ces variations :  l'eumélanine un pigment noir et la phéomélanine un pigment rouge. A cela s'ajoute l'absence de piment à l'origine de la couleur blanche. Parfois seule une partie du plumage est agrémenté d'un peu de fantaisie : une crête blanche sur la tête, des ailes aux extrémités également dépigmentées, des écailles grises et noires à la place les bandes noires. Certaines fois, comme sur les photos du bas, le gris clair et les bandes noires des ailes sont conservés, alors que le reste du corps est devenu quasiment blanc. Quatre exemples de ce types sont présentés ici. 

Le premier, il doit s'agir d'un mâle, vu que je l'ai surpris en train de gonfler le jabot et d'ébouriffer sa banane peroxydée de rocker tout en susurrant des mots d'"amur" à l'oreille d'une de ses groupies !


 Johnny et sa banane peroxydée


Un petit mot d'"amur" !

J'ai aussi rencontré cette jolie demoiselle, très élégante dans sa tenue gris perle et blanche, le vrai chic parisien quoi !
 
Coco et le chic parisien

Enfin, il y a Paloma la débrouillarde, qui à partir de deux tenues vintage un peu "has been" vous en confectionne une nouvelle très tendance : on garde la redingote du biset typique que l'on met par dessus la robe blanche d'une colombe, et le tour est joué ! Pas mal, le résultat, non !???

Paloma l'adepte du vintage

Les extrémistes

Parmi ceux-ci, je classe les individus s'éloignant fortement tu type sauvage biset bleu barré. C'est là que l'on rencontre "les Inc'oyables et les Me'veilleux" !
 

Les blancs :

Cette jolie Scarlett, ne possède plus de pigment que sur une petite partie de ses ailes, mais elle conserve néanmoins des traces des deux barres noires du type Biset d'origine. 

Scarlett la star

Les rouges :

C'est la phéomélanine qui permet l'apparition de superbes plumages roux.

Certains, comme Fanny la dandy, conservent la répartition des couleurs du biset sauvage, le bleu gris du dos devient crème, les barres noires des ailes auburn. Le cou garde son irisation.

Catherine la dandy

D'autres comme le superbe Baron Rouge qui gonfle ici fièrement son jabot, montre une belle couleur auburn répartie sur la plus grande partie du dos et du poitrail. 

Le Baron Rouge

Enfin, la ravissante Colette la coquette, présente une teinte "latte" sur pratiquement tout le corps, mais en conservant de jolies irisations violacées au niveau du jabot. C'est une vraie beauté qui prend merveilleusement la lumière ! Je lui ai couru après pendant un bon moment pour parvenir à réaliser des photos dignes d'elles !


 Colette la coquette couleur café crème !

Les noirs :

Le pigment noir, l'eumélanine, permet l'apparition d'un plumage entièrement noir comme chez la mystérieuse Lénore la Goth, avec toujours la conservation des irisations. Très classe !

Lénore la Goth
L'iridescence que l'on observe au niveau du cou est maintenue dans tous les cas de figure, indépendamment de la couleur du plumage, à l'exception des individus comme Scarlett qui présentent, à cet endroit, une dépigmentation complète. C'est la structure physique de la plume qui, à la manière d'un prisme, décompose la lumière en jolies teintes violacées et vertes.  


Scarlett et Retth le plus beau couple du Luco

Nous retrouvons ici la belle Scarlett avec le beau Retth. Je les avais tout d'abord remarqués le 17 avril, ils étaient inséparables et grattaient ensemble la terre à la recherche de graines, ou de petits cailloux. 

Scarlett et Retth

Trois jour plus tard, le 21, j'ai retrouvé les deux amoureux en train de se bécoter avec une infinie tendresse. Sur la photo en haut à gauche du photomontage, on a le droit à un vrai baiser de cinéma digne de celui de Vivien Leigh et Clarck Gabble dans "Gone with the wind", d'où les surnoms que je leur ai attribués ! Un bien joli spectacle auquel j'ai eu le privilège d'assister et que j'ai tenté d'immortaliser.

Les bécotages de Scarlett et Retth

I love you Scarlett !

Remake de Jules et Jim

Mais il existe aussi, apparemment, chez les pigeons des ménages à trois comme dans le film "Jules et Jim" de Truffaut. Pourquoi choisir, en effet, quand on peut avoir deux beaux amants au lieu d'un seul !

Catherine la rousse accompagnée de ses deux amants Jules le biset barré et Jim le biset écaillé

Jules, Jim et Catherine dans le tourbillon de la vie !

Les héritiers de Marie de Médicis

Il fallait finir par un hommage à Marie de Médicis sans laquelle, les pigeons du Jardin du Luxembourg n'existeraient pas. Comme Catherine de Médicis, sa lointaine tante, ne sortait jamais sans être accompagnée de ses plus belles dames de compagnie pour la mettre en valeur, j'ai imaginé que Marie de Médicis faisait de même avec ses plus beaux pigeons. J'ai même osé une petite mise en scène à partir du portrait peint par Rubens et des plus belles demoiselles pigeons que j'ai pu photographier : Coco, Colette, Lénore et Catherine...


Marie de Médicis par Rubens et Colochat


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