samedi 27 avril 2013

J'ai le cafard !

Un fossile vivant dans ma salle de bain : la blatte américaine

Il y a quelques jours, un fossile vivant m' a fait l'insigne honneur de venir me saluer dans ma salle de bain. Non, il ne s'agissait pas d'un cœlacanthe tout droit remonté des abysses en train de barboter dans ma baignoire, mais d'un animal bien plus fabuleux, qui n'a pratiquement pas évolué depuis 400 millions d'années, qui peut supporter des doses de radiations dix fois supérieures à la dose létale pour l'homme, rester un mois sans manger ni boire, et qui survit après décapitation plusieurs semaines ! Cet être plus extraordinaire qu'un super héros, eh bien c'est tout simplement le cafard, encore dénommé blatte, ou cancrelat !
Ce premier insecte rampant identifié à Paris (RIP) de mon blog est précisément la blatte américaine (Periplaneta americana) qui appartient à la famille des Blattidés, et qui est la plus grande des blattes domestiques, puisqu'elle peut atteindre près de cinq centimètres de long comme l'individu présenté ici. Les photos ont été prises grâce à mon Canon Powershot E1 rose bonbon, fidèle compagnon de la macro-photo à peu de frais.

Blatte américaine vue sous différents angles

Quelques caractéristiques physiques

Blatte américaine : vue dorsale et ventrale

Elle appartient à l'ordre des Dictyoptères, se caractérisant par des ailes réticulées, et auquel appartiennent aussi les Mantes. Son corps de couleur brun-rouge est de forme aplati et ovale. Comme chez tous les insectes, il est divisé en trois parties : la tête, le thorax et l'abdomen. A cela s'ajoute la présence de trois paires de pattes articulées. Le dimorphisme sexuel est peu marqué chez cette espèce, mais parfois on peut lire que les élytres du mâle dépasseraient de 4 à 8 mm la longueur de l'abdomen, tandis que celles de la femelle auraient la même longueur. L'individu dont j'ai tiré le portrait pourrait donc être une dame, mais c'est à confirmer. La femelle pond plusieurs dizaines d'œufs contenus dans un sac appelé oothèque. La croissance se fait par mues successives jusqu'à ce que  l'adulte atteigne sa taille définitive, au bout d'une douzaine de mues, la dernière étant appelée mue imaginale. Les larves ressemblent à l'adulte, mais ne possèdent des ébauches d'ailes qu'après plusieurs mues, généralement après la quatrième. 

Blatte américaine : larve
J'ai trouvé cette larve, quelques jours plus tard après l'adulte, dans la cage d'escalier de mon immeuble.  Le corps  mesure 1,5 centimètres, sans les antennes. On remarque qu'elle a une forme plus arrondie par rapport à l'adulte, c'est donc comme chez les bébés mammifères qui nous font tant craquer ! Alors, personne pour avoir envie de cajoler ce petit bébé comme un chaton ?!... Les ailes ne se sont, ici, pas encore développées.


La tête 

Blatte américaine : tête

Elle se distingue par la présence d'une paire d'antennes très fines et très longues qui mesurent environ trois centimètres sur cet individu, soit les trois cinquièmes de la longueur totale du corps. Parfait pour venir vous chatouiller les narines où la plante des pieds quand vous dormez ! Les pièces buccales sont de type broyeur et adaptées à un régime détritivore (composé de détritus organiques) et omnivore (aliments d'origine variées).
Les yeux, de grande taille sont composés. On remarque aussi la présence d'une paire de pédipalpes.

Le thorax

Il est recouvert par une sorte de bouclier caractéristique appelé pronotum et qui déborde sur la tête.Je trouve que sur les photos il a un peu la forme d'un cœur, c'est pas mignon ça ? 
C'est au niveau du thorax que sont attachées les pattes, une paire sur chacun des trois segments qui le constitue (prothorax, mésothorax, métathorax). Bien qu'elle fréquente assidument les salles de bain, elle n'est visiblement pas une adepte des crèmes et autres cires dépilatoires. Les poils qu'elle a aux pattes sont rigides et lui servent à s'agripper à un support. J'en ai d'ailleurs fait l'expérience, car même sur la feuille de papier sur laquelle je l'avait posée pour la photographier, elle avait prise, et pourtant elle n'était vraiment pas en forme puisque je l'ai trouvée quasiment morte, ce qui explique que j'ai pu la photographier sous toutes les coutures.
Eh bien maintenant, messieurs, vous pourrez dire à vos compagnes mal épilées qu'elles ont des jambes aussi poilues que des pattes de blatte, je suis sûre qu'elles apprécieront le compliment !... 

L'abdomen

Les deux ailes supérieures rigides qui le recouvrent, appelées élytres, montrent une nervation marquée que l'on voit bien ici et qui les fait ressembler à deux délicates feuilles d'automne. Bien que les deux paires d'ailes soit présentes, la blatte ne vole pas, elles lui servent juste d'amortisseur en cas de chute. En gros, elles ont la même inutilité que celles des poules chez les oiseaux !

Elle n'aime pas les courants d'air

A l'extrémité de l'abdomen, elle possède deux petits appendices, les cerques ; les nombreux soies qui les recouvrent détectent les mouvements l'air et déclenche la fuite.
Ce qui signifie qu'elle est capable de vous faire courir un marathon, sans que vous réussissiez à l'attraper, la chipie !
Sa fuite est d'autant plus efficace, qu'elle possède un corps aplati et des pattes adaptées à la course, longues avec une coxa (hanche) large.

Blatte américaine : cerques


Les blattes américaines que je trouve dans ma salle de bain viennent par une trappe située sur le côté de ma baignoire, à travers laquelle on aperçoit les canalisations de l'immeuble et que je laisse ouverte pour éviter les problèmes de condensation. Leur présence à cet endroit s'explique par le fait qu'elle aiment les endroits sombres, chaud et humides et que probablement elle se nourrissent des matières organiques rejetées dans les canalisations. Pépite, un de mes trois chats, la croqueuse d'araignées (voir post précédent), adore se faufiler à cet endroit pour les traquer, malgré toutes mes tentatives pour l'en empêcher. Une fois sa proie attrapée, elle la transporte encore vivante dans sa bouche, l'apporte à l'extérieur, et joue avec elle jusqu'à ce que mort s'en suive. Mais, jamais elle ne les mange, par contre. J'en conclue donc, qu'en cas de disette, on peut sans problème se nourrir d'araignées et de mouches, mets de prédilection de Pépite, mais pas de cafards. Elle les tue uniquement par plaisir, après les avoir torturés pendant des heures, une véritable psychopathe à quatre pattes ! Vous remarquerez d'ailleurs, que la blatte que j'ai prise en photo porte sur son dos ce qui ressemble fort à un poil de chat !

Le tueur de cafard

Il y a plusieurs mois, j'ai reçu la visite d'un tueur de cafard professionnel, muni de son arme redoutable, un grosse seringue qui contenais une pâte marron qui ressemblait et sentait à s'y méprendre à du... Nutella. Le voyant en train de s'agiter dans mon appartement à disperser des sprotchs de crème un peu partout, j'ai cru bon de lui expliquer précisément d'où sortaient les bébêtes, d'autant plus que je ne voulais pas que mes chats touchent au produit, mais il n'a rien voulu entendre. J'ai eu le droit comme réponse à : "Madame, je connais mon métier, ça fait trente ans que je l'exerce. Et d'ailleurs, vous ête sûre que ce dont vous me parler, c'est bien des cafards et non pas des fourmis où des araignées, hein ?". Aucun doute, ce personnage à la Tardi digne représentant de la société Blitz, me prenait pour une triple buse !!! Résultat j'ai eu le droit à des crottes de Nutella dispersées n'importe où et qui n'ont jamais été touchées par les bêtes concernées ! Et à peine quelques mois plus tard, je retouve des cafards dans ma salle de bain et dans la cage d'escalier de l'immeuble !!!


Les blattes futures sauveuses de l'humanité ?

Des chercheurs anglais de l'université de Nottingham viennent d'identifier neuf molécules produites dans le cerveau des blattes qui sont de puissants bactéricides. Cela n'est pas étonnant, puisque qu'elles fréquentent des endroits particulièrement insalubres, où pullulent toutes sortes de bactéries pathogènes. A l'avenir, ces substances pourraient être une alternative aux antibiotiques utilisés à l'heure actuelle, en particulier contre le staphylocoque doré à l'origine d'infections nosocomiales et Escherichia Coli susceptible d'entraîner des intoxications alimentaires, et contre lesquelles elles sont efficaces à 90 %. D'autant plus que les chercheurs craignent à l'avenir, l'émergence de nouvelles bactéries  NDM-1 super résistantes !...
Eh bien oui, le messie sauveur de l'humanité est peut-être... une blatte !...

Louis le Cockroachman

Comme il a été dit précédemment, la blatte peut survivre plusieurs semaines à une décapitation. Sachant qu'elle vit en moyenne 440 jours, soit près de 15 mois, cela représente environ un quinzième de son espérance de vie, incroyable non ! En conséquence, Si Louis XVI avait eu des gênes de cafard à la place de ses gènes de Bourbon, le cours de l'histoire aurait été bouleversé, puisqu'il aurait survécu à la bascule à charlot, plusieurs années, voire même cinq ans avec une espérance de vie de 75 ans ! Il aurait alors ressemblé probablement à ça... Quant à Axel de Fersen, il n'aurait plus eu qu'à aller se rhabiller, aucune chance de rivaliser avec un tel super héros pour conquérir le cœur de Marie-Antoinette ! 
Après Spiderman, Superman, Batman... Voici Louis le "Cockroachman'

Louis le Cockroachman par Joseph Siffrein Duplessis et Colochat

Par contre moi, c'est monsieur le tueur de cafards que je lui aurait bien présenter à la veuve. Après, j'aurai donné sa tête à bouffer aux cafards, fin royale pour un professionnel du genre, non ???

lundi 22 avril 2013

Les zozios du Luco : les pigeons

Aaah ! se promener nez au vent dans le Jardin du Luxembourg, c'est un plaisir goûté par beaucoup de parisiens, une fois les beaux jours revenus. C'est Marie de Médicis, reine de France et mère du futur Louis XIII qui fut à l'origine de sa création, il y a plus de quatre-cents ans.

Jardin et Palais du Luxembourg, Paris.

Évidemment il faut respecter les horaires d'ouvertures, car si vous avez le malheur de vous attarder un peu trop en soirée, par exemple devant l'imposante fontaine Médicis, à rêver à la jeune fille de Gérard de Nerval ou aux amours débutantes de Marius et Causette, de stridents coups de sifflets se chargeront de vous faire quitter votre orbitale poétique pour vous faire courir, ventre à terre, vers la sortie la plus proche, si vous voulez éviter l'explosion tympanique ! 

Fontaine Médicis sous la neige, Jardin du Luxembourg, Paris.

Pourtant, il existe bien des résidents permanents au Jardin du Luxembourg. Non, ce privilège n'est pas accordé au président du sénat, qui doit se contenter, lui, du Petit Luxembourg, hôtel particulier attenant au palais du Luxembourg et de son jardin privé, pauvre indigent !
Mais alors qui sont ces ultra privilégiés, dignes du rang de Marie de Médicis ??? Pour les rencontrer, il suffit de lever la tête, où de regarder par terre, il s'agit des... oiseaux qui y nichent, et en particulier des nombreux pigeons que l'on y rencontre. Je vais donc consacrer ce message entièrement au pigeons du Jardin du Luxembourg, le suivant concernera les autres oiseaux que j'y ai rencontrés. Les photos ont été prises du 17 au 21 avril 2013 grâce à mon Compact Lumix couleur chocolat.

Les Conservateurs

Le pigeon ramier (Columba palumbus)

Parmi les conservateurs, je classe les pigeons ramier, qui sont tous absolument identiques, le respect des traditions avant toute chose ! Impossible de les distinguer des uns des autres ; sans exception, ils présentent les caractères physiques typiques de l'espèce : le plumage gris-bleuté avec deux taches blanches de part et d'autre du cou, les ailes bordées de blanc, le poitrail rosé, le bec jaune et l’œil gris clair. Ils se promènent allant leur train de sénateur, la tête haute, le torse bombé, et la bedaine bien ballonnée. Les prendre en photo devient assez vite ennuyeux, pourtant ils savent prendre la pause avec leur port de tête aristocratique, mais quand on en a photographié un, on les a tous photographiés...


Pigeon ramier sur un perchoir de luxe

Pigeon ramier au centre entouré de deux pigeons biset

C'est qui le plus beau ? Moi, moi, moi le pigeon ramier !

Ceux que j'ai pu observer présentaient pour beaucoup un embonpoint certain. Ils vont devoir apprendre à calculer leur IMC, malgré leur cervelle d'oiseau, et à arrêter de se gaver tels des oies, de pain à longueur de journée ! Sinon une seule solution, l'anneau jabotique !

Gavage de ramier, gloups !

Le pigeon biset bleu barré (Columba livia)


Les autres traditionalistes se rencontrent chez les pigeons biset dans un tiers des cas, il s'agit du morphotype sauvage caractérisé par un plumage gris-bleuté plus clair sur le dos agrémenté de deux lignes noires sur les ailes et d'irisations vertes et violettes sur le cou ; son œil est orange vif. Cette couleur est appelée le bleu barré comme chez le beau Barnabé. 

Barnabé le biset bleu barré


Biset bleu barré ébouriffé

Quatre biset typiques

Les réformateurs 

Chez le pigeon biset il existe, en dehors du type sauvage pré-décrit, une incroyable variété de couleurs et de motifs obtenus par mutation du type biset bleu barré. Deux pigments sont à l'origine de ces variations :  l'eumélanine un pigment noir et la phéomélanine un pigment rouge. A cela s'ajoute l'absence de piment à l'origine de la couleur blanche. Parfois seule une partie du plumage est agrémenté d'un peu de fantaisie : une crête blanche sur la tête, des ailes aux extrémités également dépigmentées, des écailles grises et noires à la place les bandes noires. Certaines fois, comme sur les photos du bas, le gris clair et les bandes noires des ailes sont conservés, alors que le reste du corps est devenu quasiment blanc. Quatre exemples de ce types sont présentés ici. 

Le premier, il doit s'agir d'un mâle, vu que je l'ai surpris en train de gonfler le jabot et d'ébouriffer sa banane peroxydée de rocker tout en susurrant des mots d'"amur" à l'oreille d'une de ses groupies !


 Johnny et sa banane peroxydée


Un petit mot d'"amur" !

J'ai aussi rencontré cette jolie demoiselle, très élégante dans sa tenue gris perle et blanche, le vrai chic parisien quoi !
 
Coco et le chic parisien

Enfin, il y a Paloma la débrouillarde, qui à partir de deux tenues vintage un peu "has been" vous en confectionne une nouvelle très tendance : on garde la redingote du biset typique que l'on met par dessus la robe blanche d'une colombe, et le tour est joué ! Pas mal, le résultat, non !???

Paloma l'adepte du vintage

Les extrémistes

Parmi ceux-ci, je classe les individus s'éloignant fortement tu type sauvage biset bleu barré. C'est là que l'on rencontre "les Inc'oyables et les Me'veilleux" !
 

Les blancs :

Cette jolie Scarlett, ne possède plus de pigment que sur une petite partie de ses ailes, mais elle conserve néanmoins des traces des deux barres noires du type Biset d'origine. 

Scarlett la star

Les rouges :

C'est la phéomélanine qui permet l'apparition de superbes plumages roux.

Certains, comme Fanny la dandy, conservent la répartition des couleurs du biset sauvage, le bleu gris du dos devient crème, les barres noires des ailes auburn. Le cou garde son irisation.

Catherine la dandy

D'autres comme le superbe Baron Rouge qui gonfle ici fièrement son jabot, montre une belle couleur auburn répartie sur la plus grande partie du dos et du poitrail. 

Le Baron Rouge

Enfin, la ravissante Colette la coquette, présente une teinte "latte" sur pratiquement tout le corps, mais en conservant de jolies irisations violacées au niveau du jabot. C'est une vraie beauté qui prend merveilleusement la lumière ! Je lui ai couru après pendant un bon moment pour parvenir à réaliser des photos dignes d'elles !


 Colette la coquette couleur café crème !

Les noirs :

Le pigment noir, l'eumélanine, permet l'apparition d'un plumage entièrement noir comme chez la mystérieuse Lénore la Goth, avec toujours la conservation des irisations. Très classe !

Lénore la Goth
L'iridescence que l'on observe au niveau du cou est maintenue dans tous les cas de figure, indépendamment de la couleur du plumage, à l'exception des individus comme Scarlett qui présentent, à cet endroit, une dépigmentation complète. C'est la structure physique de la plume qui, à la manière d'un prisme, décompose la lumière en jolies teintes violacées et vertes.  


Scarlett et Retth le plus beau couple du Luco

Nous retrouvons ici la belle Scarlett avec le beau Retth. Je les avais tout d'abord remarqués le 17 avril, ils étaient inséparables et grattaient ensemble la terre à la recherche de graines, ou de petits cailloux. 

Scarlett et Retth

Trois jour plus tard, le 21, j'ai retrouvé les deux amoureux en train de se bécoter avec une infinie tendresse. Sur la photo en haut à gauche du photomontage, on a le droit à un vrai baiser de cinéma digne de celui de Vivien Leigh et Clarck Gabble dans "Gone with the wind", d'où les surnoms que je leur ai attribués ! Un bien joli spectacle auquel j'ai eu le privilège d'assister et que j'ai tenté d'immortaliser.

Les bécotages de Scarlett et Retth

I love you Scarlett !

Remake de Jules et Jim

Mais il existe aussi, apparemment, chez les pigeons des ménages à trois comme dans le film "Jules et Jim" de Truffaut. Pourquoi choisir, en effet, quand on peut avoir deux beaux amants au lieu d'un seul !

Catherine la rousse accompagnée de ses deux amants Jules le biset barré et Jim le biset écaillé

Jules, Jim et Catherine dans le tourbillon de la vie !

Les héritiers de Marie de Médicis

Il fallait finir par un hommage à Marie de Médicis sans laquelle, les pigeons du Jardin du Luxembourg n'existeraient pas. Comme Catherine de Médicis, sa lointaine tante, ne sortait jamais sans être accompagnée de ses plus belles dames de compagnie pour la mettre en valeur, j'ai imaginé que Marie de Médicis faisait de même avec ses plus beaux pigeons. J'ai même osé une petite mise en scène à partir du portrait peint par Rubens et des plus belles demoiselles pigeons que j'ai pu photographier : Coco, Colette, Lénore et Catherine...


Marie de Médicis par Rubens et Colochat


lundi 15 avril 2013

Pigeon vole !

Ceci n'est pas une colombe !

 

Le symbole de paix universel dessiné par Picasso que tout un chacun prend pour une colombe est en fait... un pigeon ! En avril 1949, Louis Aragon à la recherche d'une affiche pour le premier congrès pour la paix, rend visite à Picasso et choisit cette gravure y voyant, lui aussi, une colombe. Mais Picasso lui précisa immédiatement : "Ce n'est pas une colombe, c'est un Pigeon !" et Aragon lui rétorqua alors : "Oui, mais ça ne fait rien, les gens n'y connaissent rien !" C'est surtout lui qui n'y connaissait rien !
Les faits ont été rapportés par Françoise Gilot, la compagne de Picasso à l'époque et témoin de la scène. Il était donc temps de rétablir la vérité, c'est un pigeon qui est symbole de paix et non une colombe !


Picasso, en effet, toute sa vie a nourri un véritable amour pour les pigeons qui se retrouvent dans nombre de ses œuvres. Enfant, son père lui donnait comme modèles à dessiner les pigeons de Malaga, la ville où il est né.

"Pigeons" Pablo Picasso, 1890 (âgé de 9 ans)
Si le pigeon et la colombe appartiennent tous deux à la famille des Columbidés, la colombe n'est rien d'autre qu'une tourterelle blanche (genre Streptopelia), mais pas albinos car elle a les yeux noirs et non rouges. Le pigeon appartient, quant à lui, au genre Columba. Pourtant, lors des traditionnels lâchers de colombes, ce sont essentiellement des pigeons paon de couleur blanche qui sont utilisés aujourd'hui.


Les pigeons parisiens  

 

A Paris, les pigeons que l'on rencontre un peu partout appartiennent essentiellement à l'espèce du pigeon biset (Columba livia), au plumage ordinairement gris bleu, plus clair sur le dos et agrémenté de vert et de violet au niveau du cou. Les ailes se caractérisent par deux lignes noires de chaque côté. Le bec est gris avec un peu de blanc à la base, les pattes sont rouges et l'iris rouge orangé. Mais leur domestication est à l'origine de nombreuses variations de couleurs que l'on voit fréquemment aujourd'hui à Paris, allant du blanc majoritaire au noir quasi intégral, en passant par le roux. Il existe un petit guide bien fait sur les pigeons en Île de France que l'on peut télécharger : "Le pigeon en ville".

Mais, on peut aussi y rencontrer des pigeons ramiers (Columba palumbus), au Jardin du Luxembourg notamment. Sur la photo que j'ai prise début mai 2012, c'est l'individu de droite qui appartient à cette espèce. Il se distingue du pigeon biset de gauche par la tache blanche qu'il a sur le cou, le croissant blanc qui borde ses ailes et son bec rouge à l'extrémité jaune.



Première leçon de vol 

 

L'an dernier, début juillet, depuis ma fenêtre, j'ai assisté à la première leçon de vol de deux pigeonneaux. Le spectacle était émouvant ! Ils étaient apparemment avec leur mère qui semblait leur donner un petit cours théorique, avant de passer aux travaux pratiques : " Avant de faire le grand saut dans le vide, n'oubliez pas, les enfants, de bien regarder à droite et à gauche, pour voir si la voie est libre et sans danger". Heureusement, qu'ils n'ont pas eu l'idée de regarder en bas, sur le rebord de ma fenêtre, parce que Pépite, un des mes trois chats (voir message précédent) était à côté de moi et ne ratait rien du spectacle, elle non plus ! Elle aurait bien améliorer son ordinaire avec un peu de viande fraîche si l'occasion s'était présentée. Mais ce jour-là, la chance était du côté des deux jeunes plumeux, Pépite n'a pas eu droit à son steak tartare !



Après la leçon théorique, Maman pigeon leur a montré l'exemple en s'élançant en premier et en atterrissant sur la rambarde de la fenêtre située en face, à seulement quelques mètres de distance : "Allez les jeunes, maintenant, c'est à votre tour d'agiter les rémiges  !" 



Le plus téméraire d'entre eux n'a pas hésité à s'élancer à sa suite et l'a vite rejointe ! Il a brillamment passé son baptême de l'air, maman pouvait être fière !




Par contre, le second pigeonneau s'est montré nettement moins enthousiaste, il n'arrêtait pas de tergiverser et de regarder à droite, à gauche : J'y va-t-y ou j'y va-t-y pas ?... Sur la photo en bas à droite, il a même l'air de fermer les yeux de peur devant le vide !



Mais bon, la peur de rester là, tout seul comme un idiot, le reste de sa vie a été plus forte, il a fini par déployer ses ailes lui aussi, et même par arriver plus loin encore que son frère, avant de se poser ! Tout s'est donc bien terminé pour nos deux compères. 
Ici, ils sont âgés d'environ un mois ; une semaine plus tard, ils ont dû s'envoler définitivement. Quand on compare le temps que met un humain pour prendre son envol et quitter définitivement le nid douillet familial, ça en fait des générations de pigeons qui ont vu le jour pendant ce temps-là !...



Malheureusement, certains ont une fin de vie très prématurée, comme celui-ci  que j'ai photographié sur un trottoir, début mai 2012. C'était un bien triste spectacle... On voit nettement que les plumes de ses ailes étaient encore contenues dans leur étui protecteur.



Heureusement, d'autres s'en sortent nettement mieux et finissent par défier les avions dans le ciel azuréen de l'été !... 


Longue vie aux deux pigeonneaux qui m'ont offert ce beau et rare spectacle ! 

mercredi 10 avril 2013

Les Miséreux du Muséum

Il y a un peu plus d'un an, j'ai assisté à une conférence sur la taxidermie à la Grande Galerie de l’Évolution, quelques animaux naturalisés y étaient exposées. Habituellement, ils ont des attitudes qui se veulent proches de la réalité : les écureuils ont l'air de se battre, la corneille de croasser, le lynx et le rapace d'épier. Honnêtement, à défaut de pouvoir observer de visu un animal dans son environnement, je préfère regarder des photos ou des images vidéo. Parce qu'en fait, malgré les apparences, il ne reste pratiquement rien de la bête originelle. Tous les tissus mous ainsi que le squelette ont été enlevés et remplacés par différents matériaux de rembourrage suivant la forme et la taille de l'animal ; les yeux sont en verre ; les dents et la langue sont également fausses. Et pour les oiseaux, même les pattes sont des imitations... Bon, après avoir enlevé tout ça, il ne reste vraiment plus grand chose à se mettre sous la dent... Sans parler de toutes ces mises en scènes qui se veulent naturalistes et qui ne sont, en fait, que le fruit de la main et de l'imagination de l'homme.



Ici, nous voyons, à droite du photomontage, une corneille parfaitement morte, même si elle n'en a pas l'air. Eh bien, voici à quoi ressemble une corneille réellement morte. Cette dernière je l'ai photographiée l'été dernier au Jardin des Tuileries. Je préfère regarder la mort en face : "Memento Mori" !



Naturaliser un animal est quelque-chose de long qui demande le talent d'un sculpteur et de sérieuses connaissances sur la faune sauvage. Certaine personnes sont douées pour préparer les oiseaux et d'autres davantage pour les mammifères, chacun sa spécialité donc. Là je répète comme un âne ce que j'ai entendu là-bas...

Mais, ce que l'on ne nous montre généralement pas et qui m'a davantage amusée, c'est ça !




Le loup présent sur deux photos a un look assez déjanté, il faut bien l'avouer, Il ferait bien rigoler le petit chaperon rouge ! Malgré les apparences, il n'est pas en séance d'acuponcture, les nombreuses épingles qui truffent son museau sont là pour que la peau ne se rétracte pas. Interdiction désormais de retrousser les babines ! Ses oreilles sont, quant à elles, remplies d'une sorte de pâte à modeler maintenue bien en place par des pinces à linges, pour qu'elles ne finissent pas par ressembler à des oreilles de souris ! Il me fait penser, ainsi, aux américaines des films des années cinquantes avec leurs bigoudis sur la tête et leur masque de beauté sur le visage, plutôt qu'au grand méchant loup ! 

Les deux autres animaux ne sont pas des mutants de Tchernobyl, mais un singe tamarin lion et un ara. Pourtant, me direz-vous, le tamarin n'est-il pas ordinairement un joli petit singe roux avec un épais pelage et une belle crinière, et le ara un oiseau avec un incomparable plumage coloré ? Si, sauf que ces deux individus ont subi les ravages d'insectes particulièrement voraces. Les coupables sont principalement les Anthrènes des Musées (Anthrenus museorum), de minuscules coléoptères, dont les larves sont capables de plumer et tondre les animaux naturalisés, en un rien de temps. Elles sont tellement gloutonnes qu'elles s'attaquent également aux collections d'insectes et aux herbiers qu'elles transforment en tas de poussière, si l'on n'y prend garde ! Mais, dans le cas présent, au risque de provoquer, je trouve que les bestioles en question ont fait preuve d'un certain talent artistique, ce petit tamarin nu comme un ver, a ainsi une présence charismatique indéniable ! Il ressemble à s'y méprendre à Gollum, une des créatures imaginée par Tolkien dans le Seigneur des Anneaux !





lundi 8 avril 2013

Insectes volants identifiés à Paris ou insectes VIP

Trois petits insectes VIP identifiés aujourd'hui ! Tous découverts sur le mur, près de l'entrée de mon immeuble décrépit, tout gris ! Même pas besoin de traverser la rue pour faire de belles rencontres ! Les petites bébêtes parisiennes, ignorées de beaucoup, semblent se donner rendez-vous chez moi, telles les célébrités parisiennes se bousculant en leur temps devant les portes du célèbre studio de Nadar, pour venir se faire tirer le portrait ! Si je n'aurais plus le privilège de photographier la belle Cléo de Mérode, partie en poussière depuis bien longtemps, j'ai en revanche eu l'insigne honneur de photographier la fraîche Cléo l'hémérobe, venue danser pour moi sur le rebord de ma fenêtre, un matin, au crépuscule de l'été 2012.

Cléo l'hémérobe

Névroptère (Neuroptera) : Hémérobe phalène  (Drepanepteryx phalaenoides)



Cléo  se croyait peut-être invisible dans sa tenue de camouflage, sauf qu'être vêtue d'une splendide robe feuille morte, griffée dame nature, ça ne passe pas vraiment inaperçu sur du gris tout triste ! 
Cet insecte est un névroptère (Neuroptera), caractérisé par la présence de deux ailes nervurées. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit précisément de l'hémérobe phalène, identifiable grâce à l'échancrure située à l'arrière de ses ailes. Il se nourrit de pucerons et est actif durant la nuit. Il est attiré par la lumière artificielle, c'est donc probablement la lumière filtrant à travers mes volets d'insomniaque qui a dû l'attirer, car comme lui, je suis souvent plus éveillée la nuit que le jour... Nous étions donc faites pour nous rencontrer Cléo et moi !
C'est Alain Cosson à l'origine du site Lépidoptères de France, à qui j'ai envoyé les photos qui m'a permis de l'identifier. Je l'avais confondu, au tout début, avec un papillon appelé la "feuille morte du chêne", qui porte une tenue très proche. Eh bien petite Cléo, tu pensais être la seule à porter cette jolie robe couleur d'automne, mais d'autres ont visiblement eu la même idée que toi !
Après avoir fait la belle quelques instants sous l'objectif crépitant de mon Canon Powershot rose bonbon, Cléo s'est envolée rejoindre le tourbillon de la vie !



Euphrasie l'Eudonie

Lépidoptère (Lepidoptera) : Eudonie anguleuse (Eudonia angustea)


Euphrasie est venue me rendre visite un soir de novembre 2012, elle m'attendait sagement à côté de la porte d'entrée. Elle aussi portait une jolie livrée de camouflage, mais plus adaptée à un tronc couvert de lichens, qu'à un mur gris comme l'ennui. Elle appartient à la famille des Crambidae et ressemble à une grosse mite, mais n'a rien à voir avec celles qui font des pulls en cachemire leur caviar ! C'est une Eudonie, probablement de l'espèce anguleuse.

Léonie la limonie 

Diptère (Diptera) : Limoniidae (Limonia sp. ou Metalimnobia sp.)


Cette "lady long leggs", que j'ai rencontrée le soir du premier jour de l'automne 2012, ressemble à une tipule, communément appelée cousin, mais ses ailes repliées et tachetées la classe, en fait, dans la famille des Limoniidae. Pour identifier l'espèce, cette fois c'est  assez compliqué, il faudrait étudier les ailes en détail, ce que ne permet pas mes photos. Les deux petits disques que l'on remarque de part et d'autre de son thorax sont des balanciers qui lui servent à s'équilibrer pendant le vol, si l'un des deux vient à être endommagé, bonjour les loopings dignes du baron rouge !

Contrairement aux araignées que j'ai photographiées (voir message précédent), ces trois insectes VIP sont repartis sains et saufs après leur séance photos, virevolter légers, légers, sous le ciel de Paris !