samedi 27 avril 2013

J'ai le cafard !

Un fossile vivant dans ma salle de bain : la blatte américaine

Il y a quelques jours, un fossile vivant m' a fait l'insigne honneur de venir me saluer dans ma salle de bain. Non, il ne s'agissait pas d'un cœlacanthe tout droit remonté des abysses en train de barboter dans ma baignoire, mais d'un animal bien plus fabuleux, qui n'a pratiquement pas évolué depuis 400 millions d'années, qui peut supporter des doses de radiations dix fois supérieures à la dose létale pour l'homme, rester un mois sans manger ni boire, et qui survit après décapitation plusieurs semaines ! Cet être plus extraordinaire qu'un super héros, eh bien c'est tout simplement le cafard, encore dénommé blatte, ou cancrelat !
Ce premier insecte rampant identifié à Paris (RIP) de mon blog est précisément la blatte américaine (Periplaneta americana) qui appartient à la famille des Blattidés, et qui est la plus grande des blattes domestiques, puisqu'elle peut atteindre près de cinq centimètres de long comme l'individu présenté ici. Les photos ont été prises grâce à mon Canon Powershot E1 rose bonbon, fidèle compagnon de la macro-photo à peu de frais.

Blatte américaine vue sous différents angles

Quelques caractéristiques physiques

Blatte américaine : vue dorsale et ventrale

Elle appartient à l'ordre des Dictyoptères, se caractérisant par des ailes réticulées, et auquel appartiennent aussi les Mantes. Son corps de couleur brun-rouge est de forme aplati et ovale. Comme chez tous les insectes, il est divisé en trois parties : la tête, le thorax et l'abdomen. A cela s'ajoute la présence de trois paires de pattes articulées. Le dimorphisme sexuel est peu marqué chez cette espèce, mais parfois on peut lire que les élytres du mâle dépasseraient de 4 à 8 mm la longueur de l'abdomen, tandis que celles de la femelle auraient la même longueur. L'individu dont j'ai tiré le portrait pourrait donc être une dame, mais c'est à confirmer. La femelle pond plusieurs dizaines d'œufs contenus dans un sac appelé oothèque. La croissance se fait par mues successives jusqu'à ce que  l'adulte atteigne sa taille définitive, au bout d'une douzaine de mues, la dernière étant appelée mue imaginale. Les larves ressemblent à l'adulte, mais ne possèdent des ébauches d'ailes qu'après plusieurs mues, généralement après la quatrième. 

Blatte américaine : larve
J'ai trouvé cette larve, quelques jours plus tard après l'adulte, dans la cage d'escalier de mon immeuble.  Le corps  mesure 1,5 centimètres, sans les antennes. On remarque qu'elle a une forme plus arrondie par rapport à l'adulte, c'est donc comme chez les bébés mammifères qui nous font tant craquer ! Alors, personne pour avoir envie de cajoler ce petit bébé comme un chaton ?!... Les ailes ne se sont, ici, pas encore développées.


La tête 

Blatte américaine : tête

Elle se distingue par la présence d'une paire d'antennes très fines et très longues qui mesurent environ trois centimètres sur cet individu, soit les trois cinquièmes de la longueur totale du corps. Parfait pour venir vous chatouiller les narines où la plante des pieds quand vous dormez ! Les pièces buccales sont de type broyeur et adaptées à un régime détritivore (composé de détritus organiques) et omnivore (aliments d'origine variées).
Les yeux, de grande taille sont composés. On remarque aussi la présence d'une paire de pédipalpes.

Le thorax

Il est recouvert par une sorte de bouclier caractéristique appelé pronotum et qui déborde sur la tête.Je trouve que sur les photos il a un peu la forme d'un cœur, c'est pas mignon ça ? 
C'est au niveau du thorax que sont attachées les pattes, une paire sur chacun des trois segments qui le constitue (prothorax, mésothorax, métathorax). Bien qu'elle fréquente assidument les salles de bain, elle n'est visiblement pas une adepte des crèmes et autres cires dépilatoires. Les poils qu'elle a aux pattes sont rigides et lui servent à s'agripper à un support. J'en ai d'ailleurs fait l'expérience, car même sur la feuille de papier sur laquelle je l'avait posée pour la photographier, elle avait prise, et pourtant elle n'était vraiment pas en forme puisque je l'ai trouvée quasiment morte, ce qui explique que j'ai pu la photographier sous toutes les coutures.
Eh bien maintenant, messieurs, vous pourrez dire à vos compagnes mal épilées qu'elles ont des jambes aussi poilues que des pattes de blatte, je suis sûre qu'elles apprécieront le compliment !... 

L'abdomen

Les deux ailes supérieures rigides qui le recouvrent, appelées élytres, montrent une nervation marquée que l'on voit bien ici et qui les fait ressembler à deux délicates feuilles d'automne. Bien que les deux paires d'ailes soit présentes, la blatte ne vole pas, elles lui servent juste d'amortisseur en cas de chute. En gros, elles ont la même inutilité que celles des poules chez les oiseaux !

Elle n'aime pas les courants d'air

A l'extrémité de l'abdomen, elle possède deux petits appendices, les cerques ; les nombreux soies qui les recouvrent détectent les mouvements l'air et déclenche la fuite.
Ce qui signifie qu'elle est capable de vous faire courir un marathon, sans que vous réussissiez à l'attraper, la chipie !
Sa fuite est d'autant plus efficace, qu'elle possède un corps aplati et des pattes adaptées à la course, longues avec une coxa (hanche) large.

Blatte américaine : cerques


Les blattes américaines que je trouve dans ma salle de bain viennent par une trappe située sur le côté de ma baignoire, à travers laquelle on aperçoit les canalisations de l'immeuble et que je laisse ouverte pour éviter les problèmes de condensation. Leur présence à cet endroit s'explique par le fait qu'elle aiment les endroits sombres, chaud et humides et que probablement elle se nourrissent des matières organiques rejetées dans les canalisations. Pépite, un de mes trois chats, la croqueuse d'araignées (voir post précédent), adore se faufiler à cet endroit pour les traquer, malgré toutes mes tentatives pour l'en empêcher. Une fois sa proie attrapée, elle la transporte encore vivante dans sa bouche, l'apporte à l'extérieur, et joue avec elle jusqu'à ce que mort s'en suive. Mais, jamais elle ne les mange, par contre. J'en conclue donc, qu'en cas de disette, on peut sans problème se nourrir d'araignées et de mouches, mets de prédilection de Pépite, mais pas de cafards. Elle les tue uniquement par plaisir, après les avoir torturés pendant des heures, une véritable psychopathe à quatre pattes ! Vous remarquerez d'ailleurs, que la blatte que j'ai prise en photo porte sur son dos ce qui ressemble fort à un poil de chat !

Le tueur de cafard

Il y a plusieurs mois, j'ai reçu la visite d'un tueur de cafard professionnel, muni de son arme redoutable, un grosse seringue qui contenais une pâte marron qui ressemblait et sentait à s'y méprendre à du... Nutella. Le voyant en train de s'agiter dans mon appartement à disperser des sprotchs de crème un peu partout, j'ai cru bon de lui expliquer précisément d'où sortaient les bébêtes, d'autant plus que je ne voulais pas que mes chats touchent au produit, mais il n'a rien voulu entendre. J'ai eu le droit comme réponse à : "Madame, je connais mon métier, ça fait trente ans que je l'exerce. Et d'ailleurs, vous ête sûre que ce dont vous me parler, c'est bien des cafards et non pas des fourmis où des araignées, hein ?". Aucun doute, ce personnage à la Tardi digne représentant de la société Blitz, me prenait pour une triple buse !!! Résultat j'ai eu le droit à des crottes de Nutella dispersées n'importe où et qui n'ont jamais été touchées par les bêtes concernées ! Et à peine quelques mois plus tard, je retouve des cafards dans ma salle de bain et dans la cage d'escalier de l'immeuble !!!


Les blattes futures sauveuses de l'humanité ?

Des chercheurs anglais de l'université de Nottingham viennent d'identifier neuf molécules produites dans le cerveau des blattes qui sont de puissants bactéricides. Cela n'est pas étonnant, puisque qu'elles fréquentent des endroits particulièrement insalubres, où pullulent toutes sortes de bactéries pathogènes. A l'avenir, ces substances pourraient être une alternative aux antibiotiques utilisés à l'heure actuelle, en particulier contre le staphylocoque doré à l'origine d'infections nosocomiales et Escherichia Coli susceptible d'entraîner des intoxications alimentaires, et contre lesquelles elles sont efficaces à 90 %. D'autant plus que les chercheurs craignent à l'avenir, l'émergence de nouvelles bactéries  NDM-1 super résistantes !...
Eh bien oui, le messie sauveur de l'humanité est peut-être... une blatte !...

Louis le Cockroachman

Comme il a été dit précédemment, la blatte peut survivre plusieurs semaines à une décapitation. Sachant qu'elle vit en moyenne 440 jours, soit près de 15 mois, cela représente environ un quinzième de son espérance de vie, incroyable non ! En conséquence, Si Louis XVI avait eu des gênes de cafard à la place de ses gènes de Bourbon, le cours de l'histoire aurait été bouleversé, puisqu'il aurait survécu à la bascule à charlot, plusieurs années, voire même cinq ans avec une espérance de vie de 75 ans ! Il aurait alors ressemblé probablement à ça... Quant à Axel de Fersen, il n'aurait plus eu qu'à aller se rhabiller, aucune chance de rivaliser avec un tel super héros pour conquérir le cœur de Marie-Antoinette ! 
Après Spiderman, Superman, Batman... Voici Louis le "Cockroachman'

Louis le Cockroachman par Joseph Siffrein Duplessis et Colochat

Par contre moi, c'est monsieur le tueur de cafards que je lui aurait bien présenter à la veuve. Après, j'aurai donné sa tête à bouffer aux cafards, fin royale pour un professionnel du genre, non ???

1 commentaire:

  1. Incroyables bestioles! Ça c'est taillé pour la survie... Tu peux pas les irradier, ni les affamer, et debout dans le caleçon après décapitation... ? Ah ils en auraient été pour leurs frais les sangs-culotte...
    Ils en auraient eu des nuées de cafards sous le bonnet frigide tous ces vauriens aristocraticides bouffeurs de particules! Ça leur auraient tenus le cauchemar au chaud pendant leurs nuits blanches à ces déglotteurs de carmagnoles...
    Vive les blattes et les cafards! Vive la restauration au son du canon rose bonbons! Et longue vie à leur monarque Cockroachman the XVI.

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