mardi 2 juillet 2013

Mille sabords une araignée cracheuse dans ma baignoire !

Comme animal cracheur, on connaît le lama surtout grâce à la célèbre mésaventure du capitaine Haddock dans "Tintin au Tibet" ; depuis peu on parle également fréquemment d'une autre espèce cracheuse peu ragoutante dans les médias, le  footballeur. Mais tout ça c'est peanuts à côté de l'araignée cracheuse, Scytodes thoracica, malheureusement bien moins célèbre ! Heureusement, l'une de leur ambassadrices est venue me voir en ce mois de juin pour me demander de lui consacrer un message, afin de réparer cette injustice.
C'est la seule représentante de la famille des Scytodidae sous nos latitudes et elle ne se rencontre que dans les maisons.


photo 1 : Scytodes thoracica l'araignée cracheuse

Aaah ! je ris de me voir si belle...


Photo 2 : Scytodes thoracica l'araignée cracheuse vue sous différents angles

C'est vraiment une très belle araignée avec ses tâches brun sombre sur un fond plus clair qui rappellent la peau d'un léopard ! Avec en prime, sur le céphalothorax, deux motifs symétriques  pouvant faire penser aux ouïes d'un violon. "Mon violon d'Ingres ce sont les araignées et non Kiki de Montparnasse !" aurait certainement dit Man Ray s'il avait eu la chance de rencontrer cette séduisante demoiselle alanguie dans sa baignoire comme moi !


photo 3 : motifs caractéristiques du céphalothorax de Scytodes thoracica

Comme on peut le remarquer sur notre araignée, il lui manque une patte arrière. Il faut savoir que les araignées sont capables de s’automutiler, c'est-à-dire de sectionner une de leur pattes, pour sauver leur vie, par exemple quand elles sont attaquées par un prédateur. Celle-ci pourra repousser, bien que plus courte et plus fine, à la prochaine mue, à condition qu'il y en ait une suivante. En effet, au cours de leur vie, les araignées muent plusieurs fois avant d'arriver à maturité, leur nombre varie suivant les espèces. Étant donné la taille respectable de notre ambassadrice, 6 mm, il est probable qu'elle avait atteint sa taille adulte et qu'elle serait restée "heptajambiste" jusqu'à la fin de ses jours.

Fille ou garçon ?

Distinguer le mâle de la femelle est difficile chez cette espèce. En effet, la femelle ne possède pas d'épigyne, fente génitale, sur la face ventrale de son abdomen, et le mâle a des pédipalpes qui se différencient difficilement de ceux de la femelle, alors que généralement ceux des mâles présentent à leur extrémités des bulbes copulatoires ressemblant à des "gants de boxes". Néanmoins, les femelles (4 à 6 mm) sont, à maturité, légèrement plus grandes que les mâles (3 à 5 mm), et ces derniers présentent quand même de légers renflement en forme de poire à l'extrémité de leurs pédipalpes ; en conséquence, comme l'araignée que j'ai photographiée mesure autour de 6 mm et que ses pédipalpes sont très fins, je pencherais quand même en faveur d'une femelle adulte.

Super glu écologique

photo 4 : Scytodes thoracica l'araignée au crachat de super glu

Sa technique de chasse est très particulière et lui a donné son nom d'araignée cracheuse. En effet, elle projette sur ses proies et prédateurs éventuels, une substance collante qui les immobilisent à la vitesse de 28 mètres par seconde, soit à 100 km/heure ! Un vrai pistolet à colle cette araignée cracheuse ! Allez, vous savez ce qu'il vous reste à faire désormais, jetez tous vos tubes de super glu de la célèbre marque, et optez pour la colle 100% écologique : adoptez une araignée cracheuse ! C'est aussi efficace, la preuve, nous avons réussi à coller le capitaine Haddock au plafond, test réalisé sans trucage, naturellement !


Vas-y Mollo ! 

Si c'est la championne incontestée du crachat de colle en revanche, quand elle se déplace, elle est indolente, voire hésitante. Il faut dire aussi que malgré ses six yeux (une des rares araignées à n'en pas posséder huit), elle est aveugle et préfère chasser la nuit. Mais alors, me direz-vous comment fait-elle pour repérer ses proies et ajuster si bien son tir ? Eh bien, c'est apparemment au moyen de ses longues pattes avant qu'elle se repère, avant d'ajuter son tir à environ 1 cm de sa proie, c'est presque du tir à bout portant. 

Bon je vous gâte, car j'ai réalisé une petite vidéo, montrant l'élégante sur le catwalk improvisé de ma baignoire, c'est quant même plus classe que la démarche déhanchée des tops de la fashion week, non ?




Mea culpa...

Ayant vite compris, l'importance de mon invitée, j'ai voulu la garder quelques temps auprès de moi, afin de tenter d'observer son tir de super glu. Je l'ai donc mise dans une tasse transparente, en espérant finir par lui trouver un met de choix lui permettant de mettre ses talents de cracheuse à exécution. Malheureusement, les jours sont passés, ce que je lui ai proposé n'était visiblement pas à son goût (un anthrène des musée), et finalement, après une semaine, j'ai fini par la retrouver immobile, toute recroquevillée au fond de la tasse. Là franchement, je ne me suis pas sentie fière du tout... Certes, je lui aurais évité une mort violente sous les crocs de Pépite, ma chatte très friande d'araignées dont j'ai parlé dans un précédent message (Les trois chats dans la baignoire), mais je ne suis pas sûre que cette mort lente par la faim était plus enviable... Bon, je l'aurais quand même immortalisée grâce à quelques photos et une petite vidéo réalisées, encore une fois, grâce à mon compact Canon Powershot E1 rose bonbon...

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, ils sont les bienvenus ! 
Et à consulter mes autres messages sur les araignées.
Araignée du matin...
J'ai une araignée au plafond : Sally la Salticide
Love story chez les Salticides


1 commentaire:

  1. Salut Colochat,
    Voici une nouvelle cogitation fructueuse! C'est assez incroyable de voir les différentes stratégies employées par ces araignées. Et dire que tout ça se passe sous nos yeux, entre nos murs, et que nous n'y prêtons aucune attention. Merci à toi pour ce regard éclairé!

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